Le recteur de Lyon s'oppose à l'ouverture d'un établissement scolaire musulman dans le Rhône LYON (AP) - Le recteur de l'académie de Lyon Alain Morvan a annoncé mercredi qu'il s'opposait à l'ouverture d'un lycée-collège musulman à Décines (Rhône) souhaitant ouvrir ses portes pour la rentrée scolaire 2006.
Les fondateurs du groupe scolaire Al-Kindi qui affirmaient avoir déjà recueilli 150 pré-inscriptions -de la sixième à la seconde- pour cette rentrée, avaient déposé un dossier d'ouverture complet le 31 juillet. Le recteur, le procureur de la République et le préfet pouvaient sous un mois s'opposer à l'ouverture de cet établissement pour des raisons de sécurité, d'hygiène ou de moeurs.
Le recteur qui, ces derniers jours, avait motivé ses intentions de refus pour des raisons de sécurité (pollution des sols et présence d'une conduite de gaz à haute pression à proximité de l'établissement), a également invoqué un autre motif.
Lors d'un point de presse, Alain Morvan a expliqué que le professeur désigné comme directeur de l'établissement et "porteur du dossier juridiquement" avait déposé au rectorat une lettre de démission le 28 août, expliquant qu'il y avait "une crise entre lui et les membres de l'association Al-Kindi".
"Nous sommes ce soir avec un dossier qui n'est plus porté par personne. C'est un projet bloqué, qui n'existe plus en tant que tel", a-t-il souligné.
Le recteur a saisi le Conseil académique de l'Education nationale (CAEN) de cette opposition, mais puisque le dossier n'a plus de porteur, le CAEN ne pourra statuer.
Hakim Chergui, vice-président de l'association Al-Kindi (nom d'un des premiers philosophes musulmans) a déclaré ne "pas être au courant" du désistement de dernière minute.
Si l'association Al-Kindi souhaite ouvrir l'établissement dans le futur, elle devra déposer un nouveau dossier.
L'établissement se revendiquait comme le "premier collège et lycée musulman de France" de par sa taille.
Le lycée musulman Averroès de Lille, ouvert en septembre 2003, accueille en effet moins d'une centaine d'élèves.Le président de l'association Al Kindi, Nazir Hakim, également vice-président de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), et les autres membres qui ont mis sur pied le projet avaient exprimé leur souhait, avec "un projet ouvert sur le monde", de constituer "une élite d'élèves triés sur dossier".
Doté d'une aumônerie où les élèves "de toutes confessions seront libres de prier", l'établissement devait proposer, tel qu'il était présenté, l'enseignement de l'anglais, l'arabe, le turc, le japonais et le chinois ainsi qu'un enseignement cultuel facultatif et en libre accès dès sept ans: théologie, histoire de l'Islam, civilisation du monde arabo-musulman.
Quelque 600.000 euros des travaux et de matériel, financés en grande partie par des dons de la communauté musulmane, ont déjà été investis. Le coût de fonctionnement de l'établissement devait avoisiner les 700.000 euros.
"Nous estimons que 99% de nos futurs élèves seront de confession musulmane mais Nathalie, Jacques ou David sont les bienvenus. Ce projet n'est pas un repli communautaire mais une réelle ouverture sur la société", avait expliqué Hakim Chergui.

AP
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